La RDC adopte et valide sa SPANB 2025-2030, une boussole pour l’avenir

La République Démocratique du Congo a franchi une étape décisive dans la protection de sa biodiversité. Ce lundi 28 juillet , les experts nationaux ont procédé à l’adoption et validation moyennant intégration de recommandations et observations, de la version finale de sa Stratégie et Plan d’Action Nationaux de la Biodiversité (SPANB) pour la période 2025-2030. Ce document de plus de 200 pages, structuré en quatre chapitres, est appelé à devenir une véritable feuille de route pour atteindre les objectifs nationaux en matière de biodiversité.Sa validation au plus haut niveau administratif et politique ouvre la voie à son adoption formelle par le gouvernement, prélude à sa mise en œuvre nationale et à sa transmission à la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) des Nations Unies.

Le professeur Jo Mulongoy, consultant international chargé de l’élaboration de la SPANB, a souligné la particularité de cette stratégie : « La particularité la plus importante de cette stratégie est que les résultats attendus ont un impact direct sur le bien-être de la population, sur l’économie du pays, et sur la santé de la planète. La plupart des actions qui sont dans la stratégie essaient de répondre à ces besoins-là. »

Une nouveauté majeure de cette stratégie réside dans l’intégration de la dimension de « valorisation de la biodiversité ». La RDC souhaite désormais évaluer la valeur monétaire de ses parcs nationaux et de ses espèces emblématiques afin de disposer de données fiables pour la prise de décision. Le consultant a insisté sur cette nécessité : « Il faut que l’on connaisse les valeurs de la biodiversité congolaise et les augmenter. On compte beaucoup sur le changement de mentalité pour faire ce qu’il faut, et le faire convenablement. » Il a également recommandé l’intégration de l’importance de la biodiversité congolaise, de sa valeur et de l’urgence de sa conservation et de sa valorisation dans les programmes scolaires.

La SPANB 2025-2030 se distingue par son approche participative, inclusive et rigoureuse, s’appuyant sur les leçons du passé. Elle s’aligne sur la vision 2050 de la RDC et décline 25 objectifs sur cinq axes stratégiques issus de la vision 2025 du pays, ainsi que cinq piliers stratégiques alignés sur la stratégie africaine (ABSAP 2023-2030).

Le document comprend une introduction générale décrivant l’état des lieux de la biodiversité, un premier chapitre sur l’approche méthodologique de la mise à jour de la SPANB, un deuxième dédié à l’identification des enjeux, un troisième à la stratégie et au plan d’action, et enfin un dernier chapitre sur le mécanisme de mise en œuvre.

Benjamin Toirambe, Secrétaire Général à l’Environnement, a exhorté toutes les parties prenantes à travailler avec assiduité pour la réussite de cette nouvelle stratégie, soulignant qu’elle n’est pas l’apanage du seul gouvernement, mais une stratégie « de tout le monde ».

La SPANB 2025-2030 met un accent particulier sur la mobilisation des ressources financières nécessaires à l’atteinte de ses 25 objectifs. Benjamin Toirambe a déploré que « Par le passé, les SPANB n’ont produit des résultats escomptés par manque de moyens financiers. »

Il se montre toutefois optimiste quant au succès de cette nouvelle stratégie, évoquant l’existence de mécanismes de mobilisation interne des fonds, tels que « les crédits biodiversités, le crédit bonobo, les forêts de conservations, etc. »

La SPANB 2025-2030 recommande l’intégration de la biodiversité dans les budgets sectoriels, la mise en place d’un budget pluriannuel aligné sur les cycles nationaux, l’instauration de taxes environnementales, le paiement pour services écosystémiques, et l’implication du secteur privé et des communautés.

Les participants ont recommandé la prise en compte de l’aspect de la décentralisation, précisément des provinces et des ETD, la question de la bonne gestion des données liées à la biodiversité, émanent des différents secteurs, l’implication des chercheurs dans le processus de mise en œuvre de la SPANB, la capitalisation des cadres institutionnels officiels comme la Conférence des Gouverneurs pour vulgariser la SPANB et en assurer sa mise en œuvre, la capitalisation des processus en cours pour la mise en œuvre et le financement de la SPANB (couloir vert, Stratégie 30X30, le renforcement de la communication sur la biodiversité, notamment dans le cursus scolaire, etc.

Le représentant du Conseiller technique principal de la GIZ, Lasse Offmann a conclu en affirmant que « On pense que cette SPANB constitue une véritable boussole pour la conservation, la restauration et la valorisation de la biodiversité de la RDC. »

Il est à noter que cette SPANB a bénéficié de l’appui technique et financier de la GIZ à travers le projet GBF, qui soutient la réalisation des objectifs mondiaux en matière de biodiversité dans huit pays : Brésil, Colombie, Indonésie, Laos, Madagascar, Namibie, Pérou et la RDC.

Alfredo Prince NTUMBA